Raconter une histoire, la Psychogénealogie

La psychogénéalogie

Introduction

Laissez-moi vous conter la naissance d’une petite fille, dans la ville d’Asnières, le 12 avril 1963.

L’accouchement était imminent, la maman était à terme. Mais bébé se prélassait encore, savourant sa vie utérine en toute quiétude.

Or, le week-end pascal s’annonçait et, avec lui l’absence de l’obstétricien !

Patatras ! Il fut décidé de provoquer l’accouchement ! Pressé de la sorte, Bébé naquit si vite que son papa n’arriva pas à temps pour assister à sa naissance.

Ce fut ainsi que la petite Valérie fit son arrivée « tout schuss » dans ce monde ou l’aérobic était reine !

Sa symptomatique respiratoire, en a-t-elle découlé ? Ainsi que le stress récurrent que constituent les rendez-vous, avec l’injonction venue d’on ne sait où d’être toujours en avance ? Ou encore le fait qu’elle ne voudra jamais faire attendre, mais acceptera pour sa part sans problème d’attendre ?

Et si je vous dis que cette enfant devenue grande craignait constamment de manquer de temps pour mener à bien ses projets ; de ne pas avoir le temps de finir ses activités, pourrions-nous éventuellement conclure que ce comportement s’enracine dans la précipitation imprévue, imposée à sa venue au monde alors qu’elle n’était pas tout à fait prête pour naître ?

J’ajoute que son arrière-grand-mère maternelle coiffeuse de son état, se maria très jeune, mis au monde un garçon puis une fille. Elle divorça à la suite de l’adultère de son époux.

La petite fille, une fois adulte, reproduisit exactement le même parcours, trait pour trait !

Répétition transgénérationnelle ? Laquelle expliquerait, par exemple, qu’elle devint coiffeuse quasiment malgré elle ?

Raccourcis audacieux me direz-vous !

Mais peut-on vraiment savoir ce qui détermine nos comportements ? Quels sont les éléments qui orientent notre vie, nos choix ?

Coïncidences ? Hasard ? Ou Transmissions ?

Peut-on hériter d’événements antérieurs à notre naissance ? Quelles sont les cartes reçues à la naissance ? Peut-on les connaître à l’avance ? S’il existe des transmissions entre générations, quels en seront les fonctionnements ?

Comment y accéder et qu’en faire ?

C’est ce questionnement que les péripéties de la vie vont proposer à notre jeune héroïne.

À l’âge de trente ans, un épisode dépressif « s’invite » dans son existence, elle décide alors de prendre sa vie en main pour y amener des changements.

Dans ces circonstances, elle commence une thérapie individuelle.

Deux ans avec une psychologue, puis en sophrologie, individuellement et un peu plus tard en groupe.

Étant la première de son clan à faire cette démarche, la première à poser de vraies questions, à s’interroger sur les faits et sur leurs possibles causes, elle prend pleinement conscience de ce que Freud exprimait en ces termes :

Il faut traiter les traumatismes comme une symphonie dont les thèmes sont à reprendre et à travailler sur des registres divers jusqu’à l’expression finale, souvent en « bouquet » et dont la fin officielle est souvent loin d’être la guérison totale“.

En effet, la guérison totale est encore à venir…

Cette jeune femme, comme vous l’aurez compris, c’est moi, Valérie.

Parvenue à cette étape, j’ai « rencontré » le livre d’Anne Ancelin Schutzenberger « Aïe mes aïeux ». Je me suis sentie séduite par la psychogénéalogie : d’une part, j’ai toujours aimé l’Histoire ; d’autre part, je me suis souvenue qu’enfant, je lisais le « Club des cinq », avec ses énigmes, ses enquêtes et sa quête de vérité.

Le livre d’Anne Ancelin m’a donné accès à d’autres horizons, à une autre dimension de mon vécu.

J’ai donc continué ma thérapie avec un thérapeute pratiquant cette discipline des sciences humaines.

C’est ainsi que j’entrepris l’exploration du chemin de mes ancêtres, de leur histoire et donc d’une partie de la mienne. Pour mieux comprendre mon histoire, j’ai commencé par étudier celle de ma famille. Il me fallut interroger, découvrir, deviner parfois, pressentir, chercher, creuser les réponses et les non-réponses, essuyer les colères des autres et les miennes, affronter mes peurs, mes doutes.

Cent fois sur le métier, je remis mon ouvrage. Tel est le parcours de celui qui cherche « Sa Vérité ».

Tel fut mon parcours !

Chercher pour savoir, comprendre, donner du sens.

Je me suis sentie tantôt spéléologue, tantôt alpiniste, équilibriste, rat de bibliothèque.

Plus je cherchais, plus je trouvais des réponses, mais parfois ce fut plus subtil, moins flagrant, une impression, des émotions, sans savoir vraiment pourquoi ni comment, mais, les choses bougeaient, se dénouaient.

J’ai expérimenté qu’il n’est pas nécessaire de remonter aux croisades pour comprendre de quel problème nous avons hérité, il suffit généralement d’enquêter sur les trois ou quatre générations qui nous ont précédées soit, au minimum, celles de nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents.

Dans une démarche originale, créative et brève, la psychogénéalogie révèle les troubles psychologiques, les maladies et les comportements, en étudiant les événements traumatiques, en mettant à jour des secrets, des blessures et des conflits familiaux.

Le travail sur mon arbre a porté de beaux fruits de guérison.

À leur maturité, séduite par ce parcours, je décidais de la prochaine étape : devenir praticienne en psychogénéalogie.

J’ai donc participé à une formation sur Nice avec mon thérapeute ainsi qu’à un séminaire avec Anne Ancelin Schutzenberger à Nice.

C’est ainsi que j’ai découvert la pratique thérapeutique de cet outil à la fois pointu, surprenant et avec lequel j’ai toujours la sensation d’ouvrir des poupées russes ; allant des faits les plus extérieurs, les plus visibles, vers les profondeurs qui, pourtant vus de loin semblent à priori insignifiants, mais deviennent « signifiants » lorsqu’ils sont observés sous la loupe de la conscience transgénérationnelle.

L’étape actuelle de ce cheminement est celle qui me conduit à retransmettre cet outil, pour qu’il puisse être utilisé par vous, en vue d’aider à votre tour les patients qui viendront vers vous.

Cela m’a demandé un travail de réflexion, une refonte des connaissances théoriques, une mise à jour de la didactique en psychogénéalogie, allier à mes années de pratique.

Comment cette approche s’est-elle élaborée ? Comment les pionniers de la psychogénéalogie ont intégré les découvertes fondatrices ? Comment ont-ils construit leur théorie et leur pratique ?

C’est avec ces questions que je vous propose de comprendre et d’intégrer les mécanismes de cet outil thérapeutique.

Autrement dit, et pour formuler ces interrogations en une phrase constitutive d’une hypothèse :

au regard de la psychogénéalogie, nos comportements seraient déterminés par l’inconscient familial.

Le rendre conscient, est-il source de changement chez le sujet qui vient en thérapie ?

« Tout ce qui ne remonte pas à la conscience revient sous forme de destin ».

Jung.